Séminaire du 26 mars 2014

LA CHIMIE COMME BIEN COMMUN, SITUATIONS ET CONTROVERSES.
Interventants : Christophe CARTIER DIT MOULIN et Gérard FÉREY

Christophe CARTIER DIT MOULIN, Directeur de recherche au CNRS
Chimie et Société

Questions du public

Diaporama C.Cartier
La chimie véhicule dans nos sociétés, mais aussi dans l’inconscient collectif, certaines images, parfois fantasmées, tant pour ceux qui lui contribuent, que pour nous tous qui en profitons, tant pour ceux qui la communiquent, que pour ceux que les doutes taraudent. C’est au travers de différents éclairages et notamment ceux apportés par les actions que peut mettre en œuvre le CNRS auprès d’un large public pour tenter de réconcilier la cité et la chimie, que Christophe CARTIER DIT MOULIN, chargé de mission pour la communication scientifique à l’Institut de Chimie du CNRS évoquera des pistes permettant d’envisager à nouveau « la chimie comme bien commun ».

 Gérard FÉREY, Membre de l’Académie des Sciences
La chimie : Diable ou Bon Dieu ?

Questions du public

Diaporama de G. Férey
Le mot « chimie » désigne à la fois une science et une industrie. Alors qu’elle représente le deuxième bassin d’emploi en France, elle est très (trop ?) souvent décriée, considérée qu’elle est par certains – et souvent à tort ! – comme responsable de nombreux maux actuels. Le but de cette conférence est de regarder honnêtement ce qu’il en est réellement, examiner sans concession ses défauts et ses qualités pour rétablir une vision largement bafouée actuellement. Ce thème sera illustré par de nombreux exemples, positifs comme négatifs, émanant autant de la recherche industrielle qu’académique, pour permettre à l’auditoire de se faire une idée plus objective de la réalité. L’avenir de la chimie est l’affaire de tous, pour peu qu’ils soient correctement informés.

Présentation générale de la séance :
La chimie est une science fondamentale à l’origine de nombreux objets de notre quotidien. Elle fascine le public par bien des aspects, un public qui pourtant, dans le même temps, la redoute.
Parfois, la chimie intrigue et séduit car elle peut être spectaculaire. Il suffit pour s’en convaincre de voir la fascination des petites et des grands pour les spectacles pyrotechniques, de voir l’étonnement dans les yeux du public et d’entendre les nombreuses questions suscitées par des « petites » expériences de chimie lors de manifestations diverses. Elle contribue également de manière incontestée à l’amélioration de notre qualité de vie lorsqu’elle concerne le secteur de la santé par exemple.

Parfois, la chimie fait peur. Les catastrophes comme Bhopal en 1984 ou plus récemment AZF en 2001, les problèmes de pollution environnementale médiatisés, l’utilisation de certains composants controversés tels que le bisphénol A, entretiennent un climat de méfiance voire de défiance vis-à-vis de cette science. Les méconnaissances scientifiques relativement aux faibles doses et, plus encore, le cumul possible de faibles doses mêlant des composés divers, laissent planer aussi le doute sur les intoxications possibles et à terme sur de possibles problèmes sanitaires majeurs. Enfin, dans son sillage et pour beaucoup, la chimie est aussi ce qui a permis et pourrait peut-être permettre encore ce qu’il y a de pire. Les employés de certaines industries chimiques sont d’ailleurs assez souvent interpellés sur ces situations contradictoires où la chimie peut-être décrite comme ce meilleur ou comme ce pire, où la chimie est au cœur de controverses sociotechniques, où la défiance déconstruit souvent l’image d’une entreprise et d’un corps de métier, où la chimie est à même de servir mais aussi de desservir les intérêts individuels ou collectifs.

La chimie souffre-t-elle a tort ou a raison d’une image objective ou décalée ? Les angoisses qui règnent autour de la chimie résultent-elles à la fois du manque de culture scientifique d’un public mal informé et du manque de visibilité des recherches menées dans les laboratoires tant privés que publics ? L’adaptation nécessaire ne passe-t-elle pas par une meilleure communication entre les acteurs ? Mais qui peut en être médiateur ? Tant dans la sphère industrielle, publique que politique, quels accompagnements et quels dialogues instaurer pour que se co-construise un réel choix de société ?

La chimie demeure une immense aventure humaine. C’est une manière de voir le monde dans ses multiples échelles, du micro au macro ; de s’y investir technologiquement et  de lui contribuer en termes de création et de créativité par les matériaux de synthèse qu’elle élabore et qui nous sont indispensables ; d’investir les domaines connexes à cette science, de la mécanique à la biologie ; de s’y voir décliné de l’alimentation à l’habitat en passant par la santé mais aussi en termes d’innovation dans les registres du développement, de la durabilité, de l’environnement. Ainsi, quels usages peuvent nous paraître les plus importants, voire les plus indispensables ? Quelles en sont les motivations et les justifications ? La chimie se définit-elle comme bien commun ? Réussit-elle à construire une culture qui lui soit propre ? Comment ?

Cette séance du Centre d’Alembert se propose dans un premier temps d’aborder ces différents aspects en considérant le point de vue d’un chimiste de renommée internationale, Gérard FÉREY, médaille d’or du CNRS, membre de l’académie des sciences. Si l’aspect incontournable de la chimie dans notre quotidien s’impose, sa propre expérience de chimiste est une aventure humaine en prise avec doutes et contradictions, à l’aune d’un parcours historique complexe, de controverses toujours très vives mais aussi de réalités objectives.

Dans un second temps et au travers d’un état des lieux objectif,
Christophe CARTIER DIT MOULIN, chargé de mission pour la communication scientifique à l’Institut de Chimie du CNRS abordera les images que véhicule la chimie dans nos sociétés mais aussi dans l’inconscient collectif, tant pour ceux qui lui contribuent, que pour nous tous qui en profitons, tant pour ceux qui la communiquent, que pour ceux que les doutes taraudent.

 Au travers de ces différents éclairages tels que ceux apportés par les actions que met en œuvre le CNRS auprès d’un large public pour tenter de réconcilier la cité et la chimie, profitant de la complémentarité de nos invités, cette rencontre permettra d’ouvrir un large débat et certainement, de tenter d’envisager à nouveau « la chimie comme bien commun ».