Séminaire du 18 décembre 2014

LES FINANCEMENTS SUR PROJETS POUR FAVORISER L’EXCELLENCE : QUELLES RÉALITÉS ?
Intervenants : Jean LABARRE et Michèle LEDUC
Le critère de l’excellence, plus que la nécessité d’orienter les recherches vers certaines priorités, est actuellement mis en avant comme justification des financements sur projets. Ainsi, c’est de la compétition organisée par les appels d’offres que doit émerger “naturellement” cette excellence tant souhaitée (Idex, Labex, Lidex, Equipex et autres Ex).
Dans ce contexte, cette séance se fait l’écho des débats qui se se sont fait jour récemment dans la communauté scientifique pour souligner de possibles effets pervers de cette compétition exacerbée entre chercheurs organisée par les procédures d’appels d’offres compétitifs.

Avec
Jean LABARRE, chercheur au CEA Centre d’étude de Saclay (DSV/iBiTec-S/SBIGeM)

Effets pervers des financements sur projets, attribués sur la base du critère « d’excellence. »

Censé dynamiser la recherche fondamentale, le financement sur projets mis en place depuis 2005 par la création de l’ANR a produit un système contre-productif, injuste, gaspilleur de temps, d’argent et d’énergie. Pire, le système pousse, dans bien des cas, les chercheurs à des pratiques immorales et malhonnêtes : copinage, fraude scientifique, malveillance envers les compétiteurs. Nous verrons en quoi le sacro-saint critère « d’excellence » dans l’attribution des financements est en grande partie responsable de ces dérives.
→ Diaporama de Jean Labarre

Questions du public à Jean Labarre

Michèle LEDUC, Physicienne, Directrice de recherche émérite au CNRS, Présidente du Comité d’Éthique du CNRS

L’obligation de l’excellence et les métiers de la recherche en mutation : enjeux éthiques.

L’ambition légitime de la recherche financée sur les fonds publics est de se situer à très haut niveau. Elle fait fréquemment référence à l’excellence, une notion issue du monde de l’innovation, qui a envahi le lexique de la recherche depuis les années 2000 dans  tous les pays développés. Elle tend aujourd’hui à être détournée de sa signification – un idéal auquel tout chercheur a l’objectif d’accéder – au profit d’une vision plus managériale. Le recours prépondérant aux critères de l’excellence comporte des biais et des risques. En effet il influe fortement sur la pratique des métiers de la recherche et, dans tous les cas, introduit des distorsions qui ne sont pas forcément pertinentes entre les acteurs.
De plus les critères d’appréciation de l’excellence peuvent en eux-mêmes faire l’objet d’une interrogation et les méthodes de son évaluation peuvent être porteuses de dérives éthiques. En effet, la multiplication des missions et des contraintes associées à l’exercice du métier de chercheur font que le temps consacré à la recherche proprement dite diminue et que des tensions et des disparités apparaissent au sein des équipes. Nous nous posons cependant la question des moyens pour susciter et consolider le haut niveau de la recherche, qui reste l’objectif de tous les établissements d’enseignement supérieur.
→ Diaporama de Michèle Leduc

Questions du public à Michèle Leduc et Jean Labarre