Séminaire du 19 mai 2016

LA CONSCIENCE ENTRE PHILOSOPHIE ET SCIENCES COGNITIVES
Intervenants : Jérôme SACKUR et Michel BITBOL

avec Jérôme SACKUR, Directeur d’Études, École des Hautes Études en Sciences Sociales, Laboratoire de Sciences Cognitives et Psycholinguistique

Quelles données subjectives pour l’étude du flux de conscience ?

Questions du public à Jérôme Sackur

Pour étudier expérimentalement la conscience, il est nécessaire de faire usage de données subjectives. Pour ce qui est de la conscience perceptive, on peut considérer que l’opérationalisation et la théorisation des données subjectives ont été effectuées avec succès par la psychologie et les neurosciences cognitives. En revanche, en ce qui concerne les aspects dynamiques de la conscience, la situation est moins claire. Je présenterai une série d’études consacrées au phénomène de la rêverie éveillée (le fait que notre attention se détache périodiquement d’une tâche principale), et je m’interrogerai sur les limites des protocoles expérimentaux actuellement utilisés pour aborder ce type de phénomènes. Je présenterai quelques pistes alternatives, en soulignant les défis à relever.

et Michel BITBOL, Directeur de recherche CNRS, Archives Husserl, Paris

Théories de la conscience et pratiques des êtres conscients

Les thèses dualiste et physicaliste, que l’on tient pour diamétralement opposées dans le débat contemporain sur la conscience, partagent en vérité une lacune. Cette lacune capitale est leur incapacité à saisir la spécificité de l’être-situé, et leur tendance corrélative à le réifier. Si nous voulons combler cette lacune et sortir de la fausse opposition des doctrines, il faut prendre le contre-pied de cette tendance à sur-théoriser la question de la conscience, et admettre que celle-ci ne se décide pas sur le terrain des théories de la nature, mais sur celui la vie et des postures qu’on y adopte. Il faut donc mettre en jeu l’être-situé de ceux qui prennent position dans le débat, de la manière la plus concrète qui soit. Il faut créer une configuration de dialogue dans laquelle chaque interlocuteur est prêt à engager, bien au-delà du discours, ce qu’il est au moment où il parle. C’est seulement à ce prix qu’on peut appliquer à la question de la conscience le critère le plus exigeant de validité des thèses philosophiques, à savoir le critère fichtéen de l’accord entre le dire et le faire des philosophes, ou encore de leur non-contradiction performative.

Questions du public à Jérôme Sackur et Michel Bitbol

De 13h45 à 15h45
Centre Scientifique d’Orsay
Bât des Colloques (338) rue du Doyen André Guinier – Salle de conférences (1er étage)
Entrée libre