2013 : Sciences et Industries

Colloque organisé par le Centre d’Alembert
les 15 et 16 mai 2013

affiche projet 2013.A4

SCIENCES ET INDUSTRIES
Les enregistrements vidéo, les résumés des interventions et les présentations des conférenciers sont en ligne
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Objectifs du colloque

Programme

 

 

ALLOCUTIONS D’OUVERTURE DU COLLOQUE
Étienne AUGÉ, Vice-président du Conseil Scientifique, Université Paris-Sud
Sylvie RETAILLEAU, Doyenne de l’UFR Sciences d’Orsay
Virginie ALBE, Directrice du Centre d’Alembert

QU’EST-CE-QUE L’INDUSTRIE EN FRANCE ? SES MUTATIONS, SON ORGANISATION AUJOURD’HUI ? LA PLACE DE LA RECHERCHE ?
Présentation : Virginie ALBE, Professeure à l’ENS Cachan, UMR STEF ENS Cachan – IFÉ – UniverSud Paris, Directrice du Centre d’Alembert

Jean-Claude DELAUNAY, Professeur honoraire d’économie à l’Université de Marne la Vallée
 » Production matérielle, Production non matérielle et Capital. »
Résumé :
L’idée que je vais développer vise à exprimer la contradiction suivante et la difficulté sociale à la résoudre.
Première partie : Dans le contexte de la mondialisation économique et du développement des services, l’industrie ne serait plus l’activité déterminante de l’ensemble social. Mais dans la mesure où l’industrie, qui est le cœur de la production de valeur marchande, se déploie au sein de relations économiques marchandes, elle occuperait une place toujours dominante dans cet ensemble. L’industrie ne serait plus déterminante mais elle demeurerait dominante.
Deuxième partie : Les solutions apportées à cette contradiction ou proposées pour la résoudre par les différents groupes sociaux concernés diffèrent radicalement selon la place qu’ils occupent et le pouvoir qu’ils détiennent dans l’appareil productif. Deux approches de l’appareil productif sont mises en regard, l’approche par l’offre, qui est plutôt celle des dirigeants capitalistes et de ceux qui les soutiennent, et l’approche par la demande, qui est plutôt celle du mouvement syndical et des personnes politiquement contestataires du système capitaliste. Ces deux approches ne sont peut-être pas compatibles (c’est sans doute l’un des points à débattre) et n’ont de sens, je le crois, que sur des fondements territoriaux différents.
Conclusion: Quelle est la place des scientifiques dans ce débat? On rejoint ici la tradition des encyclopédistes. En France le débat sur la science et l’industrie semble avoir été, depuis son origine, un débat technique et un débat social dans lequel les ingénieurs et les scientifiques ont toute leur place.

Pierre VELTZ, Président-directeur-général de l’Établissement public Paris-Saclay
« 
Allons-nous vers un monde post-industriel ou hyper-industriel ? Enjeux pour la France et l’Europe. »
Résumé :
Le débat français actuel relatif à l’industrie est centré sur les effets de la crise, les risques de « désindustrialisation » et les enjeux de compétitivité (prix et hors prix). Au-delà de ce contexte immédiat, il est utile de mettre en perspective longue les enjeux, les atouts et les problèmes. Trois images répandues méritent d’être fortement démenties : celle d’un passage à une société post-industrielle où les relais de croissance seraient essentiellement portés par les services ; celle d’une opposition entre le nouveau monde numérique et le monde manufacturier ; celle d’une division internationale du travail durablement clivée entre les zones de conception et les zones d’exécution. La société émergente, qu’on caractérisera comme hyperindustrielle, est au contraire marquée par diverses tendances lourdes qui transcendent ces oppositions. Synchronisme technologique et fin des protections géographiques ; hybridation entre biens et services ; hybridation entre monde numérique et formes industrielles classiques ; couplages de plus en plus directs entre innovation, production et usages ; innovation ouverte et partagée ; appel croissant à des formes « communautaires » ou « contributives » de l’innovation, de la production et de la consommation ; émergence du manufacturing distribué et de nouvelles formes de « scalabilité ». L’intervention présentera ces tendances, en insistant sur l’ambivalence des implications sociales et l’ouverture des choix sociétaux et politiques qu’elles impliquent.

 

Table ronde : LA R & D DANS LES GRANDES ENTREPRISES
Présentation : Annick JACQ, Chercheuse à l’Institut de Génétique et Microbiologie, Université Paris-Sud

Simone CASSETTE, Ingénieur expert en technologie à Thales Recherche et Technologie à Palaiseau, Syndicaliste CGT
Thierry BODIN, Statisticien, Syndicaliste CGT Sanofi, Centre de recherche de Vitry Alfortville
Éric HENRIET, Chargé des relations avec les entreprises, Université Paris-Sud
Michèle DESCOLONGES, Sociologue, associée au CRESPPA (Centre de Recherche Sociologique et Politique de Paris) et Présidente de l’ASTS (Association Science Technologie Société).

 

QUELLE IMAGE NOUS FAISONS-NOUS D’UNE SCIENCE TOURNÉE VERS L’INDUSTRIE ?
Présentation : Jean-Louis MARTINAND, Professeur émérite à l’ENS Cachan, UMR STEF ENS Cachan – IFÉ – UniverSud Paris

Pascal GRISET, Professeur à l’Université Paris-Sorbonne, Centre de Recherche en Histoire de l’Innovation-Irice.
« 
Entre impératif industriel et ambitions scientifiques : création et premier développement de l’Institut de Recherche en Informatique et en Automatique (IRIA). (Milieu des années 1960, fin des années 1970). »
Présentation P. Griset (pdf)
Résumé :
L’Institut de Recherche en Automatique et en Informatique (IRIA) est créé en 1967 dans le cadre du Plan Calcul. Les objectifs assignés sont clairs, l’Institut doit apporter les recherches nécessaires pour qu’une industrie informatique française s’organise face à la domination américaine et assure l’indépendance du pays en ce domaine.
La mission s’avère très vite délicate à mener. Dissensions au sein des partenaires industriels réunis au sein de l’entreprise créée -la CII-, moyens trop faibles pour espérer s’opposer à IBM … les résultats sont décevants malgré des financements publics conséquents. La seconde phase du Plan Calcul, intégrée à une vision européenne de l’avenir de l’industrie informatique (création d’UNIDATA), ne connaîtra pas un meilleur sort. En 1975 ce dispositif est abandonné.
L’Iria parvient néanmoins à survivre. En moins de dix ans se sont en effet créées des dynamiques qui lui ont permis d’exister par lui même.
Cette période fondatrice, qui mènera à la transformation de l’Iria en INRIA en 1979, sera abordée à travers trois questions principales :
1/ Comment créer ex nihilo un centre de recherche dans les années 1960.
2/ L’émergence d’une culture originale entre recherche dite fondamentale et recherche « appliquée ».
3/ L’art d’être « utile » autrement dit : « pour faire de la recherche il faut savoir communiquer … ».
Ces thèmes couvriront la période 1967-1979. Leur développement mettra en lumière le rôle clef de Jacques Louis Lyons et apportera des éléments de réflexion sur les relations entre recherche et industrie, y compris pour la période la plus récente.

Maurice CASSIER, Directeur de recherche CNRS, Centre de Recherche, Médecine, Sciences, Santé, Santé mentale, Société – Cermes 3, Villejuif
« 
La régulation de la propriété intellectuelle dans les relations académie/industrie
dans le domaine de la biologie et de la pharmacie. »
Présentation M. Cassier (pdf)
Résumé :
Les institutions scientifiques, organismes publics de recherche et universités, sont des acteurs essentiels de l’innovation dans le champ de la pharmacie et des biotechnologies. Elles comptent parmi les premiers déposants français de brevets de médicaments et d’inventions biomédicales. Les pouvoirs publics attendent qu’elles jouent un rôle accru au sein d’un marché des brevets et des licences de brevets. Nous envisagerons les conditions de l’établissement d’un tel marché, le cas échéant ses limites. Au-delà des politiques dites de « transfert », nous soulignerons l’importance d’une économie coopérative entre recherche publique et recherche industrielle fondée sur des partenariats de recherche et des échanges durables et réciproques entre les partenaires. Nous discuterons également le rôle des institutions scientifiques dans la conception et l’expérimentation de formules d’appropriation collective et publique, sous forme de consortiums, de politiques de licences open source ou de licences publiques, pour favoriser l’invention collective et le développement de médicaments et de technologies médicales plus accessibles pour les patients et supportables par les budgets sociaux.

Dima YOUNÈS, Sociologue, IDHE, CNRS/ENS Cachan
« Quelle est la place des équipes de recherche dans l’économie locale ? Étude des dynamiques de coopération du pôle de compétitivité du plateau de Saclay ».


Présentation D.Younes (pdf)
Résumé :
La recomposition des liens et des frontières entre recherche publique et innovation industrielle constitue probablement l’une des plus profondes transformations que connaissent les systèmes de recherche depuis une trentaine d’années. Ces changements ont donné lieu à de multiples propositions analytiques visant à caractériser de nouveaux régimes de production et d’organisation des activités de recherche. D’un côté, les auteurs qui examinent les transformations du travail des chercheurs en entreprise et dans les laboratoires publics soulignent la convergence des périmètres de recherche, des normes et des codes de la profession. De l’autre, les auteurs qui examinent les dynamiques territoriales soulignent une division du travail claire où les chercheurs académiques agiraient comme des intermédiaires entre les entreprises d’un territoire. Cette division du travail reposerait justement sur des normes et des pratiques divergentes. Cette communication vise à examiner ces deux propositions. Elle est basée sur l’étude empirique des interactions entre chercheurs des organisations publiques et chercheurs des entreprises dans le cadre du pôle de compétitivité du plateau de Saclay. Plus précisément, il s’agira de comprendre la place des chercheurs à la fois dans les consortiums de R&D et dans la structure de gouvernance du collectif. En étudiant à la fois les directives organisationnelles et les interactions entre chercheurs des deux mondes, on montrera que les chercheurs académiques peuvent être à la fois intermédiaires et concurrents des chercheurs en entreprise.

LES FORMES DE RAPPORTS ENTRE SCIENCES ET INDUSTRIES
Présentation : Annick JACQ, Chercheuse à l’Institut de Génétique et Microbiologie, Université Paris-Sud

Thierry GACOIN, Directeur de recherche CNRS, Professeur associé Groupe Chimie du solide, Laboratoire de Physique de la Matière Condensée, École Polytechnique, Palaiseau.
« Relation entre le monde académique et la R&D industrielle : témoignage d’un enseignant-chercheur. »

Présentation T. Gacoin (pdf)
Résumé :
La position de chercheur dans une unité mixte CNRS / Établissement supérieur d’enseignement amène naturellement à côtoyer le monde dit « académique » de la recherche et de l’enseignement. Le chercheur a pour objectif d’acquérir et diffuser de nouvelles connaissances. L’enseignant d’une discipline scientifique a, pour sa part, l’ambition de donner aux étudiants les bases nécessaires pour qu’ils puissent aborder et imaginer les multiples facettes de leur carrière future. Ces enjeux de l’activité du chercheur et de l’enseignant ont souvent conduit à considérer qu’il existe un certain fossé, voire une opposition entre le monde académique et le monde industriel, lui-même focalisé sur des enjeux économiques qui dépassent la question de l’acquisition et du partage des connaissances scientifiques. Il est clair que cette opposition n’est ni favorable au développement de la recherche, de l’enseignement, et à la motivation des jeunes générations, ni satisfaisant au regard de la réalité économique et des besoins de formation et d’innovation de notre pays. Après avoir analysé le contexte et les enjeux du partenariat monde académique/monde industriel, je présenterai au travers de ma propre expérience les divers aspects des relations entre l’enseignant/chercheur et les entreprises, les atouts et faiblesses que j’ai pu identifier au fil du temps ainsi que le voies qui me paraissent intéressantes à explorer collectivement pour l’avenir.

Dominique VERNAY, Président de la FCS Campus Paris-Saclay, Président d’honneur du pôle de compétitivité Systematic, Ancien Directeur Technique du Groupe Thales
« Dynamique des Relations Industrie/Recherche publique. »

Présentation D. Vernay (pdf)
Résumé :
Les diagnostics sur le retard français en matière d’innovation pointent l’insuffisance de relations entre le monde de l’entreprise et celui de la recherche publique comme l’une des causes majeures de ce retard. Cette analyse, si elle demeure vraie, ne saurait faire oublier d’une part la diversité des situations et d’autre part l’évolution qui a marqué ces relations dans les dix dernières années.
Le début des années 1990 constitue un tournant important pour les entreprises qui prennent conscience que, face à la montée importante de la production scientifique mondiale, elles ne sont plus en mesure de reposer sur leurs seuls efforts de R&D : elles doivent aller à « l’extérieur » pour acquérir les résultats scientifiques et les technologies nécessaires à leur développement. Quelques années plus tard, l’État Français comprend l’enjeu important de cette évolution et met en place la politique des pôles de compétitivité en 2005, les Instituts Carnot en 2007 et plus récemment, en 2012, celle des IRT et IEED pour faciliter les relations partenariales de formes diverses et la création d’écosystèmes de l’innovation. Par ailleurs le dispositif du crédit d’impôt recherche mis en place en 2007 agit à la fois comme une mesure anti-délocalisation de la R&D et comme une mesure incitative à la collaboration entre entreprises et laboratoires publics.
Comment ces relations entreprises / recherche publique vont-elles continuer à évoluer face aux enjeux de la mondialisation, c’est une des questions à laquelle l’intervenant donnera sa vision.

Claude DIDRY, Sociologue, Directeur de recherche CNRS, Directeur du laboratoire IDHE, ENS Cachan
« Les salariés de la recherche et de l’innovation, quels enjeux dans les relations sciences et industries ? »

Présentation C. Didry (pdf)
Résumé :
Notre objectif est de retracer la place des salariés dans l’innovation, en approfondissant la conception schumpétérienne de l’entrepreneur. Car derrière l’entrepreneur, c’est l’entreprise et ses salariés que nous trouvons. Pour cela, nous sommes partis de l’activité de R&D qui se déploie dans les entreprises en essayant de voir comment se cristallise une innovation à partir de l’activité de chercheurs et des stratégies managériales. Les stratégies managériales sont essentielles pour créer les conditions de la recherche, à travers la définition d’un périmètre de chercheurs et l’organisation des conditions leur permettant de se dégager d’activités plus directement liées aux produits. Mais dans le même temps, elles confèrent une marge d’action nouvelle à ces salariés, impliquant une observation de leurs activités pour saisir à la fois la manière dont elles s’articulent à des centres de recherche publique selon une logique de projet scientifique personnel et aux processus de production dont sortiront les innovations. Il s’agira également de voir comment ces salariés s’inscrivent, ou non, dans une pratique syndicale aux prises avec les évolutions de l’entreprise. Pour cela, plusieurs terrains sont envisagés en vue de dégager différentes configurations dans les rapports recherche-innovation-industrie.

Lise GASTALDI, Maître de Conférences en gestion, LEST (Laboratoire d’Économie et de Sociologie du Travail), Université d’Aix-Marseille/Caroline LANCIANO-MORANDAT
« Les relations science-industrie : quelques considérations à partir d’études d’organisations de recherche industrielles et académiques. »

Présentation L. Gastaldi
Résumé :
S’intéresser aux rapports sciences-industries peut amener à interroger les liens entre la recherche interne aux entreprises et les activités de ces dernières, comme les liens entre la recherche académique et l’industrie. Dans un premier temps, nous considérerons la place de la recherche interne par rapport aux activités de l’entreprise. En la matière, la conception du rôle de la recherche varie selon les entreprises, en fonction de leur secteur d’activité mais aussi de leur stratégie et de la place accordée à l’innovation dans cette dernière, dessinant des modalités de relations très différentes entre la recherche et les autres activités (production, marketing, etc.). Une étude menée sur une entreprise du secteur de la chimie illustrera cela, en mettant en évidence comment les modes de couplage entre la recherche et les autres grandes fonctions et entités de l’entreprise ont évolué au cours du temps, jusqu’à une configuration assez originale, en lien avec les transformations de la stratégie de l’entreprise et la montée en puissance des enjeux en terme d’innovations produits. Dans un second temps, nous nous intéresserons aux rapports entre la recherche académique et l’industrie. A partir de plusieurs études nous pointerons la variété des formes que peuvent prendre ces relations et les problématiques qu’elles soulèvent pour les acteurs académiques comme industriels.

Caroline LANCIANO-MORANDAT, Sociologue du Travail au LEST (Laboratoire d’Économie et de Sociologie du Travail), Université d’Aix-Marseille
« Premières approches d’une comparaison France-Japon des relations sciences-industries. »

Présentation de C. Lanciano-Morandat (pdf)
Résumé :
En France comme au Japon, l’État a été dans le passé le principal opérateur/incitateur des politiques de recherche. Aujourd’hui, la compétition scientifique accrue, l’accélération du développement technologique ou l’ouverture internationale des marchés conduisent les gouvernements, les entreprises et les universités à reconsidérer leurs stratégies en matière de relations sciences-industries. Il s’agit, dans cet exposé, de revenir sur des réflexions que j’ai menées ces dernières années sur ce sujet dans ces deux pays.
Je caractériserai donc, d’abord, les différents « socles sociétaux » sur lesquels ont reposé ces relations à partir de leurs histoires récentes — rôle de l’État, formes de ses interventions des entreprises, etc.,— dans le but d’évaluer ce qui les rassemblent et sur quoi ils divergent (1).
Puis, je retracerai les résultats de deux enquêtes effectuées sur des « terrains » de chimie, bio-chimie, pharmaco-biologie, biotechnologie respectivement en 2008 et en 2012 :

  • L’une vise à mettre en regard la création et le fonctionnement de deux bio-parcs, l’un à Évry, l’autre à Kobé (2).
  • L’autre compare la façon dont sont « fabriqués » les PhDs ainsi que leurs insertions sur le marché du travail, dans quatre Écoles doctorales appariées des universités Paris-Sud et de Pierre et Marie Curie en France, de Tokyo et Kyoto au Japon (3).

Ces études me permettront de revenir sur les évolutions en cours dans les deux pays et sur les relations sciences-industries en général.
Références bibliographiques citées :
(1) Lanciano-Morandat Caroline et Nohara Hiroatsu, 2004, « Les régimes de recherche et développement (R/D) en France et au Japon : changements récents au regard des trajectoires historiques », Revue française d’administration publique, 2004/4 no112, p. 765-776.
(2) Caroline Lanciano-Morandat, Éric Jolivet, Thomas Gurney, Hiroatsu Nohara, Peter Van Den Besselaar et Daniel Pardo, 2009 « Le capital social des entrepreneurs comme indice de l’émergence de clusters ? », Revue d’économie industrielle, p.177-205 ;
(3) Lanciano-Morandat C.,Nohara H, 2013, “
Societal production and careers ofPhDs in chemistry and biochemistry in France and Japan” European Journal of Higher Education, avril 2013.

QUELLES MUTATIONS DES ACTIVITÉS DE RECHERCHE ET D’INNOVATION INDUITES PAR LES COLLABORATIONS INDUSTRIELLES ?
Présentation : Virginie ALBE, Professeure à l’ENS Cachan, UMR STEF ENS Cachan – IFÉ – UniverSud Paris, Directrice du Centre d’Alembert

Philippe BRUNET, Sociologue, Centre Pierre Naville, Université d’Evry-Val d’Essonne
« Science et industrie au laboratoire : une convergence intégrative sous tension. »

Présentation P. Brunet (pdf)
Résumé :
Trois caractérisations sont au principe de l’analyse des transformations historiques de la science en technoscience, considérées d’un point de vue constructiviste : l’indifférenciation, l’intéressement et la dérégulation. Bien qu’il ait gagné à sa cause une part des décideurs et des managers des politiques scientifiques, ce point de vue a fait l’objet de critiques basées sur des recherches empiriques qui en infirment les présupposés.
Le constat doit être plus nuancé. Si l’orientation des politiques publiques scientifiques affirme la priorité à la « compétitivité » et à l’« innovation » par de nombreuses mesures incitatives, il reste que les frontières persistent : le chercheur-entrepreneur est loin d’être une figure dominante dans la communauté scientifique. Et les contraintes normatives qui échappent au marché s’exercent, notamment dans les sciences de la vie.
On le montrera à partir d’une étude de cas examinée sur le moyen terme dans un domaine de recherche encore nouveau : celui des cellules souches embryonnaires humaines en France. En focalisant ainsi le regard sociologique sur un procès de travail, soit sur son organisation du travail avec ses relations et ses outils, on identifiera le modèle de « convergence intégrative », permettant d’éclairer un procès de travail technoscientifique associant des logiques productives basées sur la recherche et sur l’industrie. Loin de considérer qu’il s’agisse d’un modèle fonctionnel sans aspérité, on montrera au contraire qu’il est le lieu de tensions, aussi bien dans la gestion de l’autorité, dans la division du travail que dans l’usage de certains outils de gestion industrielle.

Julien BARRIER, Maître de conférences en sociologie, ENS Lyon, Institut Français de l’Éducation, UMR CNRS Triangle.
« Dynamiques de la recherche partenariale : projets, réseaux et « travail relationnel » dans les collaborations université-industrie. »

Présentation de J. Barrier (pdf)
Résumé :
Cette communication porte sur la structuration des réseaux de coopération scientifique entre chercheurs académiques et industriels. Elle s’appuie sur une enquête socio-historique sur la recherche en électronique, photonique et micro/nanotechnologies, un champ emblématique des recompositions actuelles des liens université-industrie.
Elle s’intéresse plus particulièrement au « travail relationnel » déployé par les chercheurs pour tisser, organiser et conduire des coopérations industrielles, dans un contexte marqué par la montée en puissance des dispositifs de recherche partenariale, associant systématiquement universitaires et industriels autour de projets menés en consortium.
Après avoir rappelé les caractéristiques de ces collaborations dans le champ étudié, on se penchera dans un premier temps sur les processus d’appariement entre partenaires, en décrivant les tactiques mises en œuvre par les chercheurs pour identifier des objets, des opportunités et des supports de collaboration avec des entreprises. On s’attachera ensuite à mettre en évidence les investissements scientifiques et relationnels qui permettent de faire tenir des réseaux de collaboration, parcourus de tensions et parfois fragiles. Il s’agira, enfin, de revenir sur les enjeux de la construction d’espaces d’autonomie scientifique dans ces coopérations.