2011 : La paroles aux sciences humaines et sociales : que nous disent-elles sur les sciences et les technologies aujourd’hui ?

Colloque organisé par le Centre d’Alembert 11 & 12 mai 2011
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LA PAROLE AUX SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES : QUE NOUS DISENT-ELLES SUR LES SCIENCES ET LES TECHNOLOGIES AUJOURDHUI ?

Les enregistrements vidéo, les résumés des interventions et les présentations des conférenciers sont en ligne
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ALLOCUTIONS D’OUVERTURE
Jean-Jacques GIRERD, Vice-président du Conseil d’Administration de l’Université Paris-Sud 11
Eric SIMONI, Vice-doyen, Directeur de la Division de la Recherche à la Faculté des Sciences d’Orsay
Jean-François TERNAY, Directeur du Centre d’Alembert

LES APPORTS ACTUELS DE RECHERCHES EN SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES À LA CONNAISSANCE DES PRATIQUES ET DES INSTITUTIONS DE RECHERCHE SCIENTIFIQUES ET TECHNOLOGIQUES
Présentation : Jean-Louis MARTINAND
Discutants : Annick JACQ, Chercheur, Institut de Génétique et Microbiologie, Université Paris-Sud 11 et Jean-Claude VIAL, Directeur de recherche émérite, Institut d’Astrophysique spatiale, Université Paris-Sud 11

Jean-Louis MARTINAND, PU émérite, ENS Cachan, didactique des sciences et techniques
« Introduction : esquisse problématique »

Dominique VINCK, PU Université Pierre Mendes France et Institut National Polytechnique, Grenoble, Sociologue des sciences et techniques
« Le passage aux nanos »

Présentation D. Vinck (pdf)
Résumé :
Une approche possible dans l’étude sociale des sciences et des techniques consiste à observer la vie de laboratoires de recherche pour saisir, au plus proche de l’activité ordinaire, la production de connaissances et d’artefacts technologiques. Une telle approche ethnographique a le mérite de donner accès à situations de travail et à des dynamiques autrement difficile à étudier. Dans le présent exposé, nous rendrons brièvement compte du passage aux nanos d’un laboratoire de recherche en microsystème. Nous montrons que ce passage n’a rien d’évident ; il ne s’impose pas et il n’est en rien linéaire. L’observation, qui porte sur la période 2003-2009, met en évidence plusieurs retournements de situation. Elle identifie certains des processus exogènes et endogènes qui expliquent ces retournements de situation, très rapprochés dans le cas du présent laboratoire. Au-delà de cette observation locale, l’enquête pose la question des mécanismes à l’œuvre dans la dynamique des sciences et des technologies.

Pierre-Benoit JOLY, DR INRA,  Sociologue, Unité INRA SenS (Science en société). Directeur de l’Institut Francilien Recherche Innovation Société (IFRIS).
« Les relations sciences-société vues par les STS (Science Technologie Société) »

Présentation P.-B. Joly (pdf)

Résumé :
Le domaine de l’étude des sciences et des techniques (STS) s’est développé comme un champ académique interdisciplinaire au cours des 40 dernières années. Les travaux se sont d’abord centrés sur les études de laboratoires et sur les études de controverses scientifiques. A partir de la fin des années 1980, les recherches se sont étendues aux relations entre science et politique et aux interactions entre science et société. Ces travaux ont été à la base de questionnement féconds et de débats animés sur la question des frontières, sur les modalités d’intégration de la science en société et sur la coproduction des connaissances scientifiques et de l’ordre politique et social.
Cette intervention reviendra sur ces travaux, sur l’agenda actuel des études des sciences et des techniques et sur leurs implications politiques, concernant notamment la participation des publics aux choix scientifiques et techniques.

 

Cédric GRIMOULT, PrAg, HDR. Historien des sciences, Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines, Université Versailles Saint Quentin
« Intégrer l’individu, la communauté scientifique et la société dans une approche synergique de l’histoire des sciences »

Présentation C. Grimoult (pdf)

Résumé :
L’histoire des sciences s’écrit aujourd’hui à la fois sous l’angle biographique, institutionnel et sociétal, avec une forte tendance à la spécialisation dans chacune de ces approches. Seule l’intégration de ces trois niveaux fondamentaux doit permettre de comprendre la dynamique des idées, qu’il s’agit aujourd’hui de chercher à mieux définir. Cette intervention vise à présenter le modèle synergique visant à rendre compte de l’évolution des idées. Il permet notamment : une lecture multiscalaire des phénomènes, une compréhension fondamentalement probabiliste des processus, un dépassement des logiques strictement internalistes ou externalistes, un rapprochement entre les démarches historiques et fonctionnelles.

LES APPORTS ACTUELS DE RECHERCHES EN SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES À LA CONNAISSANCE DES PRATIQUES ET DES INSTITUTIONS DE RECHERCHE SCIENTIFIQUES ET TECHNOLOGIQUES… Suite
Présentation : Jean-Louis MARTINAND
Discutante : Hélène GISPERT, Historienne des sciences, Université Paris-Sud 11

Stéphanie LACOUR, CR CNRS, Juriste, réseau CNRS Droit, sciences et techniques. Centre d’études sur la coopération juridique internationale, Université de Poitiers
« Le droit applicable aux sciences et aux technologies émergentes : 
l’exemple des nanotechnologies »

Présentation S. Lacour (pdf)

Résumé :
De nombreuses règles de droit gravitent autour des activités scientifiques et technologiques. Parmi elles, certaines offrent, si on les observe dans le temps, la possibilité de saisir, en creux, les évolutions que ces activités subissent. Face à des technologies émergentes, leurs visages changent, de même que leurs objectifs initiaux. Le renouvellement de l’analyse juridique qu’imposent ces modifications est alors l’occasion de mieux observer les activités scientifiques et technologiques et leurs institutions, d’en comprendre les changements, d’en décrire ou d’en critiquer les pratiques.
L’exemple du droit des brevets d’invention, tel qu’il s’applique aujourd’hui aux nanosciences et des nanotechnologies, est de ceux-là. Les évolutions qu’il subit accentuent des dérives antérieures et confirment la nécessité d’une lecture renouvelée des cadres normatifs dont les technologies émergentes proposent une lecture renouvelée.

 

Marcel JOLLIVET,  DR retraité du CNRS, ex-rédacteur en chef-fondateur de la revue « Natures sciences sociétés ».
« L’interdisciplinarité serait-elle tombée dans une ornière ? »

Résumé :
Les recherches sur l’environnement  (et maintenant sur le développement durable) offrent un exemple particulièrement intéressant d’interdisciplinarité dans la mesure où elles supposent une association entre des disciplines ayant comme objets des aspects physiques et biologiques de l’environnement naturel et des disciplines traitant des aspects sociétaux (politiques, économiques, sociaux, culturels …) de la « question de l’environnement ». Si l’on s’en tient à une définition très stricte de l’interdisciplinarité,  une telle entreprise soulève évidemment de grosses questions concernant les articulations entre ces disciplines. Ceci peut expliquer qu’en dépit d’expériences institutionnelles conduites depuis près de … quarante années (si l’on tient compte de ses prémices les plus directs) au niveau des grandes instances de la recherche publique, elle peine toujours à trouver ses marques. Comment comprendre ce qui peut apparaître en fin de compte comme un échec ?  Quelles leçons tirer en particulier de cette tentative de greffer les « sciences de la société » sur les « sciences de la nature » ?

 

Patrice FLICHY, Sociologue, Université Paris Est, LATTS
« L’amateur, un expert par le bas »

Résumé :
Contrairement au scientifique et à l’ingénieur, l’amateur est un autodidacte qui a acquis ses compétences par l’expérience. En ce sens c’est un expert, mais un « expert par le bas ». Cette expertise lui permet de dialoguer avec les spécialistes sur des questions qui le concernent directement  comme sa santé, l’environnement ou d’autres questions scientifiques et techniques débattues dans l’espace public où il peut ainsi développer sa propre forme de contre-expertise.
L’amateur participe également à la vulgarisation et à la production scientifique et technique, dans un contexte de collaboration-compétition avec les scientifiques.
Dans tous ces domaines, il souhaite de plus en plus remettre en cause le pouvoir des spécialistes et avoir la possibilité de  s’exprimer dans un cadre réellement démocratique.

Virginie ALBE, Professeure de didactique des sciences et des techniques à l’ENS de Cachan.
« Quelles images des sciences dans l’enseignement scientifique 
et technologique ?»

Présentation V. Albe (pdf)

Résumé :
Un état des recherches en éducation scientifique sera présenté sur deux questions. D’une part,  il s’agira de faire le point sur les connaissances élaborées, les curriculums et les interventions éducatives sur « la nature de la science » (nature of science) et de comprendre le changement de regard sur les sciences et les technologies qui en découle. D’autre part, seront présentées différentes appréhensions de la compréhension des sciences par le ou les public(s) (« public understanding of science ») dans un contexte de questionnement sur l’intérêt des jeunes pour les sciences et les études scientifiques et de modalités diverses de rapports entre chercheurs et publics sur des questions vives des orientations et des pratiques de recherche.

 

Daniel RAICHVARG, PU Université de Bourgogne, Directeur du CIMEOS (laboratoire en Sciences de l’Information et de la Communication, EA4177), Vice-président délégation Culture et Cités
« Le théâtre de sciences : regards multiples, interrogation unique »

Résumé :
Depuis bien longtemps, les sciences ont pris l’habitude de monter sur scène. Pour le meilleur et pour le pire, du théâtre comme des sciences : des théories de la circulation du sang dans Le Malade Imaginaire (Molière, 1673) à l’anthropologie naissante dans La Dispute (Marivaux, 1744) des pièces didactiques de Louis Figuier, fours retentissants, à La Nouvelle Idole de François de Curel, au théâtre Antoine, objet de débats d’une grande richesse à la fin du 19e siècle, de la présence d’Hiroshima dans La Vie de Galilée de Brecht (1938 et 1945)  à celle de la Bombe H dans Le Dossier Oppenheimer (Jean Vilar, 1964), savants et/ou scientifiques, théories et concepts, méthodes et instruments construisent la théâtralité des sciences. Signe de nos temps technoscientifiques, depuis 10 ans, le répertoire de pièces de théâtre de (techno-)sciences est imposant. Il accompagne des relations nouvelles et des ruptures mondiales et mondaines que nous entretenons avec les dites technosciences. Ces pièces permettent compte tenu du statut particulier du spectateur du théâtre, de poser un regard problématique différent sur les publics de la vulgarisation qui, au final, doivent devenir acteurs sociétaux des technosciences.
On argumentera à partir des raisons, des mots, des images, de l’émotion et de l’action, structurant l’Inconnu n°5 du fossé des fusillés du Pentagone d’Arras (Armand Gatti), Le retour au désert (Bernard-Marie Koltès), Anthropozoo (Gildas Milin), Arcadia (Tom Stoppard) pour une question simple et complexe : « C’est quoi la science ? »

Claude MILLIER, ancien Directeur scientifique de l’ENGREF de 1991 à 2006
« L’évolution de l’ingénierie publique et ses conséquences pour les programmes de recherches qui y sont liés : le cas des sciences pour l’environnement »

Présention C. M. millier (1) (pdf)
Présentaion C.Millier (2) (pdf)

Résumé :
L’ENGREF forme des ingénieurs dans le champ de l’environnement, de l’agriculture, des eaux et des forêts, dont une partie constitue le corps de fonctionnaires IPEF, recrutant à Agroparistech, l’X et Normale Sup.
L’ingénierie publique dans ce champ a connu une forte évolution par suite, entre autres, des réformes de l’Etat, de la mise en œuvre de la décentralisation et de la montée de la société civile ; de plus en plus son dual, la gestion publique devient multiforme et pose des questions de type ingénieural qui sont abordées par des approches SHS : conception, optimisation, évaluation.
Par ailleurs les étudiants, depuis près de 20 ans, ont plus de réticences pour des questions de type technique et, préoccupés  par leur utilité sociale, souhaitent s’imprégner de disciplines exotiques par rapport à leur formation initiale.
La rencontre de cette offre et de cette demande  conduit à un accroissement des enseignements de base en SHS et à une montée en puissance des doctorats en SHS, à la sortie de l’Ecole.
L’engagement ne pose pas de problèmes pour l’économie (avec les vieilles traditions d’ingénieur économiste à la Boiteux) ; les sciences politiques et la sociologie demandent une appropriation particulière ; le droit reste une spécialité inaccessible.
Si les itinéraires individuels en SHS s’imposent (près de 40% des thèses actuellement), les laboratoires de recherches restent très disciplinaires : le challenge de l’interdisciplinarité reste problématique.

On se gardera de généraliser à des formations d’ingénieurs plus liés aux industries traditionnelles (mécanique, énergie, électronique… ) même si , par exemple , les Ponts et les Mines proposent des labos de recherches en SHS originaux et innovants.

 

SHS, SCIENCES DE LA NATURE, TECHNOLOGIES : QUELLE UNITÉ DANS LES DIFFÉRENCES ?
Présentation : Jean-François TERNAY
Discutants : Virginie ALBE et Jean-Louis MARTINAND

Stéphanie RUPHY, Maître de conférences en philosophie à l’Université de Provence
« Unité ou pluralité des sciences : nouvelles questions, nouveaux enjeux »

Présentation S.Ruphy (pdf)

Résumé :
La thèse de l’unité des sciences, loin d’être elle-même unifiée, recouvre en réalité plusieurs idées distinctes. Il n’est dès lors guère surprenant que les attaques contre l’unité des sciences prennent elles aussi des formes très différentes, répondant à des motivations diverses : épistémologiques, métaphysiques, mais aussi parfois politiques. Le débat unité/pluralité est ainsi non seulement polymorphe, mais également en constante évolution : la très riche question du réductionnisme par exemple, qui a longtemps dominé les réflexions philosophiques sur l’unité des sciences, n’est plus aussi centrale aujourd’hui, tout du moins sous sa forme traditionnelle : d’autres problématiques occupent désormais le devant de la scène.
Mon intervention se concentrera sur l’une de ces problématiques récentes, celle de savoir s’il est possible de concilier une vision pluraliste, « contextualisée », des sciences, avec l’idéal unitaire d’une science neutre. Pour répondre à cette question, de manière positive, j’examinerai deux formes actuellement influentes de contextualisation des sciences, celle développée par Philip Kitcher concernant les objectifs de la recherche scientifique, et celle développée par la philosophe féministe des sciences Helen Longino.Je conclurai en analysant le tournant politique que marquent les réflexions philosophiques actuelles sur l’unité ou la pluralité des sciences.

Erwan LAMY, Enseignant-chercheur d’Advancia-Negocia école de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris, et chercheur associé à l’IDHE Cachan, UMR 8533
« Discours et réalités de la fragmentation de la science »

Présentation E. Lamy (pdf)

Résumé :
À entendre certains sociologues et philosophes, la science serait prise dans un mouvement généralisé de fragmentation. Ces théoriciens questionnent l’idée d’unité de la science pour en récuser la légitimité et annoncer sa disparition, ou en appeler à son abandon. Dans leurs formes les plus radicales, ces discours posent que la Science, entendue comme un projet intellectuel unifié – au-delà des différences disciplinaires – par l’ambition d’atteindre ou d’approcher méthodiquement certaines formes de vérité concernant les mondes empiriques et conceptuels, serait une illusion nocive et condamnable en ce qu’elle serait fermée aux demandes sociales ou économiques. Sa fragmentation en une multitudes de pratiques irréductibles les unes aux autres rendrait possible l’infiltration des nouveaux impératifs sociaux et économiques. C’est notamment sur le plan des valeurs que cette fragmentation se déploierait le plus distinctement : les normes qui guidaient classiquement l’engagement scientifique seraient aujourd’hui en concurrence avec d’autres systèmes normatifs, notamment dans l’industrie. J’examinerai la variété et la pertinence de ces discours, notamment à la lumière de mes travaux sur les chercheurs créateurs d’entreprises, mais également en revenant sur l’histoire de la science comme institution, pour montrer qu’une certaine idée de l’unité de la science n’est non seulement pas incompatible avec son articulation aux mondes sociaux et économiques, mais qu’elle est au contraire souhaitable si l’on souhaite organiser un dialogue fertile entre science et société.

Thierry MARTIN, Directeur du laboratoire Logiques de l’agir (EA 2274), Université de Franche-Comté
« Sciences humaines, sciences de la nature : quelle science ?»

Présentation T. Martin (pdf)

Résumé :
Il existe une relation étroite entre la question de l’unité des sciences et celle de la scientificité des sciences humaines, car elles engagent la question de l’identification même de la connaissance scientifique. Or ces deux questions font difficulté à raison de l’hétérogénéité des méthodes et des modes de scientificité mis en œuvre dans les sciences de la nature et dans les sciences humaines, et à l’intérieur même de ces domaines. L’exposé se propose de revenir sur cette hétérogénéité pour la mettre en question à la lumière des développements contemporains de la recherche scientifique, en s’appuyant sur les travaux récents menés sur le sujet par la Société de philosophie de sciences.

 

COMMENT SE PASSE LA COOPÉRATION ? QUELS ENSEIGNEMENTS STRATÉGIQUES, MÉTHODOLOGIQUES, TIRER DES EXPÉRIENCES, DES COOPÉRATIONS DE RECHERCHE ENTRE SCIENCES DURES, TECHNOLOGIES ET SHS ?
Présentation : Virginie ALBE et Jean-François TERNAY

Vincent BONTEMS, Chercheur, LARSIM, CEA
« Convergence et disciplinarité dans les nanotechnologies »

Résumé :
L’émergence récente des nanotechnologies comme champ de recherches a été en grande partie provoquée par des politiques d’investissement. Elle s’est accompagnée de la revendication d’une « convergence » entre les disciplines engagées (physique des matériaux, chimie, électronique, biologie, etc.), ce qui soulève l’enjeu de la disciplinarité en tant que cohérence des pratiques scientifiques et des labels accolés aux recherches. L’épistémologie et la sociologie des sciences doivent être mobilisées pour éclairer de façon complémentaire ce processus. Après avoir brièvement retracé les tentatives successives des sociologues des sciences pour caractériser le régime disciplinaire des nanotechnologies (transdisciplinarité, interdisciplinarité, multidisciplinarité), on présentera quelques considérations sur les effets réels du mythe de la « convergence » et sur les nouvelles formes de disciplinarité qui en résultent.

TABLE RONDE : Les coopérations dans le couplage : Innovation, Art, Science. Les coopérations dans les programmes liés aux interfaces homme machine

 

Stéphane HUGON, Sociologue, membre du CREA, Idea’s Lab et JLab. CEA.
Arnauld LESERVOT, Responsable des projets émergents du CEA List.
« JLab : un laboratoire d’innovation multipartenaire du plateau de Saclay »
Résumé :
Le JLab est un laboratoire d’innovation du plateau de Saclay, au sein de l’IRT SystemX. L’objectif du J-Lab est d’offrir aux entreprises les conditions d’une production d’innovations à risques maîtrisés sur les systèmes complexes. Ceci suppose une synergie entre les disciplines impliquées dans les processus d’innovation, et une place centrale des problématiques humaines et sociétales dans ces processus. Les processus d’innovation au sein du J-Lab viseront à imaginer et prototyper des portefeuilles de produits, services, modèles d’affaire ou nouveaux usages à partir de nouveaux principes technologiques, ainsi que d’imaginer des nouveaux modes de vie, de pensées, d’attitudes qui pourraient être mis en œuvre par des technologies disponibles. Le JLab est composé d’une dizaine d’acteurs, industriels et académiques de domaines variés : école de commerce, sociologie, design, art, usage, technologie.

Jean-Baptiste LABRUNE, Psychologie et informatique, MIT, Media laboratory
« Science & Culture ? »
Résumé :
Dans cette intervention, je montrerai, à l’aide d’exemples tirés d’études ethnographiques dans la région de Cambridge aux Etats-Unis comment les pratiques scientifiques ne sont pas exclusivement orientées vers la production de résultats quantifiables, systématiques ou formels. Bien au contraire, ces observations manifestent comment les terrains scientifiques sont animées par des êtres humains passionnés, dont le souci de l’autre et du dépassement individuel ou disciplinaire se traduit non-seulement par de riches interactions sociales mais également par une incroyable diversité socio-matérielle, qui constitue leur Culture. Les chercheurs en sciences humaines, mais également les artistes ont depuis longtemps étudié ces cultures scientifiques, cependant, leurs rencontres et conversations sont encore souvent conflictuelles, mettant à jour des dimensions épistémologiques et politiques. N’avons-nous pas avancé depuis C.P. Snow ? où existe-t-il de nouveaux lieux et terrains où construire des pratiques en sublimant ces conflits ? Afin de répondre à cette question, je présenterai certains lieux et projets qui tentent de célébrer sciences et cultures.

Michel-Ange AMORIM, Psychologue, cognition, UFR STAPS. Université Paris-Sud 11
« Un retour d’expérience sur l’alliance entre psychologie cognitive (SHS) et neurosciences (SV) »

Présentation M.-A. Amorim (pdf)

Résumé :
30 ans de neurosciences cognitives ont révélé la fécondité de cette nouvelle alliance entre la psychologie et les neurosciences s’intéressant aux grandes fonctions (perception, décision, attention, mémoire, action, etc.). Ce rapprochement a été possible par le biais de l‚approche fonctionnaliste pour laquelle un état/processus mental est identifié par sa fonction (son rôle ) et non pas uniquement par son substrat cérébral. L‚intérêt de la relation structure (cérébrale) – fonction (cognitive) réside dans ses propriétés fonctionnelles appréciables par les rapports causaux des entrées-sorties, et autres fonctions, du système. Les neurosciences cognitives ont permis à chacun de reconsidérer son point de vue, que cela soit le dualisme des psychologues cognitivistes (pas de relation nomologique entre les états mentaux et des états du système nerveux), ou le monisme émergentiste des neurobiologistes. Aujourd’hui la métaphore surannée du cerveau-ordinateur fait place à une conception distribuée et incarnée des fonctions qui éloigne le spectre d‚une néo-phrénologie. Cette présentation illustrera le retour d’expérience d’un psychologue passé de l’autre côté du miroir des neurosciences cognitives.

Amy DAHAN-DALMEDICO, Directrice de Recherche émérite Centre Alexandre Koyré, CNRS-EHESS
« Eclairer les sciences dures à la lumière des SHS ? Quelques leçons d’expériences »

Résumé :
Depuis près de dix ans, les « sciences studies » — et notamment l’équipe que j’anime au Centre Alexandre Koyré — scrutent  de divers points de vue les sciences climatiques et les experts climatologues : dans leur production de connaissances, dans leurs implications dans les activités d’expertise, dans les controverses de l’espace public, dans leurs interactions avec le politique à l’échelle globale ou nationale etc. J’esquisserai un bilan de cette activité, du point de vue cognitif et épistémologique, du point de vue des acteurs, et du point de vue  de la demande sociale vis à vis des projections climatiques.

Valérie SEBAG, Maître de conférences à la Faculté de droit de l’Université Paris 13
« La biomédecine saisie par le droit »

Résumé :
Les dernières décennies furent celles de la découverte et de la mise au point de nombreuses techniques biomédicales. Parmi elles on peut citer la transplantation d’organes ou l’assistance médicale à la procréation. Mais ces avancées techniques, du fait de leur potentiel d’application, ont soulevé des questions d’ordre moral et juridique sans précédent. En même temps que s’est développé le domaine de la bioéthique, à l’intérieur duquel se côtoient diverses disciplines comme la médecine, la philosophie, l’anthropologie et le droit, s’est imposé le constat de la nécessité d’établir une norme législative spécifique à l’encadrement des techniques biomédicales. Ainsi, depuis les premières lois relatives à la biomédecine, promulguées en 1994, la biomédecine se trouve en quelque sorte « saisie par le droit ».

 

TABLE RONDE : Les coopérations dans le domaine des nanos et de la biologie

 

Gérald DUJARDIN, Directeur de recherche au CNRS
« Enjeux éthiques et philosophiques des nanosciences »

Résumé :
Au cours du colloque « Nano-Objets Synthétiques et Bio-Inspirés » qui a réuni en Janvier 2011 à l’Université Paris-Sud plus de 150 chercheurs (physiciens, chimistes et biologistes),  étudiants et représentants d’associations, le succès des conférences sur les enjeux éthiques et philosophiques des nanosciences a souligné la nécessité pour les participants d’élargir leur réflexion à ces enjeux fondamentaux.  De tous temps les scientifiques des « sciences dures » ont cherché à comprendre les enjeux sociaux, politiques et de connaissance de leurs recherches. Mais dans le contexte particulier de la science d’aujourd’hui, cette démarche passe par  une ouverture accrue aux sciences humaines et sociales.

Philippe BRUNET, Sociologue, Université d’Evry Val d’Essonne et
Jean-Loup FAULON, Biologiste, Genopole, Evry
« Accompagnement, observation, transformation : quel cheminement pour les SHS dans leurs coopérations avec les autres sciences ? »

Résumé :
La mobilisation des sciences sociales dans les projets scientifiques orientés par les sciences de la nature appelle d’autant plus une réflexion que l’on observe une tendance à son institutionnalisation. C’est bien le cas lorsque certains projets d’excellence doivent se justifier par l’intégration d’une dimension éthique. Dès lors, on assiste en quelque sorte à l’inversion du rapport de coopération entre sciences de la nature et sciences humaines et sociales : ce sont les premières qui deviennent demandeuses.
Après avoir éclairé ce phénomène qui doit être rapporté au processus de contextualisation de la science, on essaiera de calibrer les positionnements possibles des SHS en réponse à ce type de demande. Sans admettre qu’ils soient exhaustifs, trois seront identifiés et caractérisés : l’accompagnement, l’observation et la transformation.
A partir d’un exemple concret d’un tel « embarquement » des SHS, on montrera que ces positionnements se réfèrent à des postures de recherche différentes mais néanmoins complémentaires. Ce faisant, ils interpellent des dimensions à la fois cognitive et politique du processus de contextualisation.